#1684, Kawa = Flow

Une chouette blanche, de face sur un fond neutre, fixe inexorablement le spectateur. L’oiseau est figé dans une position hiératique qui n’est pas sans rappeler celle d’un portrait d’identité.

Masao Yamamoto est un photographe japonais. Pour autant son travail s’apparenterait presque à celui d’un poète. Ce tirage appartient à la série Kawa = Flow dans laquelle l’artiste explore les mouvements de la nature. Ces mouvements, qu’ils soient rapides et vivaces comme ceux du vent qui soulève l’herbe d’un champ, ou lents et paisibles comme ceux du nuage qui progresse dans le ciel, ont pour point commun d’être éphémères. Les tirages de cette série, par la contemplation qu’ils inspirent, seraient donc analogues aux haikus, poèmes japonais traditionnels célébrant l’évanescence de toute chose.

Chacune de ces photographies capture un instant précis de ce monde dont le changement constant est la marque de fabrique. Elles constituent ainsi une forme de méditation sur l’altérabilité de notre existence et de celle de la nature qui nous entoure. Son œuvre rejoint en cela les principes du bouddhisme zen dans lequel l’artiste puise son inspiration.

Ce dernier dit aimer conserver un certain mystère dans ses photographies afin que « chacun se les approprie et invente à partir d’elles sa propre histoire ». Cette part de mystère chère à Yamamoto réside sans doute, au moins en partie, dans l’atemporalité des scènes qu’il capture, le photographe se consacrant essentiellement aux paysages et aux natures mortes.

Si leurs sujets sont atemporels, les photographies de Yamamoto, le plus souvent monochromes, éveillent néanmoins par leur aspect vieilli et leur texture singulière une certaine nostalgie de l’ancien, du souvenir. Le photographe a en effet pour habitude de retravailler ses tirages, notamment avec du thé, leur conférant ainsi une apparence usée mais aussi une forme d’unicité. Peintre de formation, l’artiste procède à diverses expérimentations sur la surface de ses tirages, déjouant à cette occasion la frontière qui sépare la photographie de la peinture.

Son travail, qui met en avant les bienfaits de la méditation mais aussi la recherche de la beauté comme outil de transcendance spirituelle, est régulièrement exposé à l’international. De nombreuses institutions muséales de renom, telles que le Victoria & Albert Museum à Londres, la Maison Européenne de la Photographie à Paris ou The International Center of Photography à New York, conservent dans leurs collections certains de ses tirages.