György Lörinczy

György Lörinczy est l’un des principaux théoriciens de la photographie au sein de la néo-avant-garde hongroise. Cet artiste, qui cherchait les réponses à ses questionnements existentiels dans son art et celui des autres, est à l’origine d’une œuvre riche et complexe qui fit de lui un modèle précurseur pour les générations suivantes. Son exposition collective avec Csaba Koncz et Zoltán Nagy en 1965 constitua notamment un jalon dans l’histoire de la photographie hongroise et de son renouveau.

Sa rencontre avec l’historien de l’art et archéologue László Zolnay au début des années 60 marqua un véritable tournant dans sa vie artistique. Zolnay lui montra à cette occasion une collection de racines provenant du Danube et lui fit don de deux d’entre elles. Lörinczy développa alors une véritable fascination pour ces racines et leurs formes singulières. De cette fascination découlèrent diverses expérimentations à l’occasion desquelles le photographe entreprit un premier pas vers l’imagerie abstraite.

Ce n’est que quelques années plus tard, en 1966-1967, que Lörinczy produisit pour la première fois des images purement abstraites avec la série Stickies dans laquelle il photographia divers liquides, plus ou moins visqueux, tels que l’eau, la glue ou l’huile, en élargissant à l’extrême leurs proportions. Le but de ces images à l’esthétique graphique était, selon ses mots, de provoquer une « sorte d’immersion à la manière du Bouddhisme Zen ». Atteindre pour la première fois l’abstraction, et se défaire ainsi du carcan réaliste imposé par le pouvoir en place à cette époque, fut pour Lörinczy un acte libérateur et jubilatoire. Il n’eut de cesse, jusqu’à sa mort en 1981, de poursuivre cette quête de l’abstraction dans son œuvre.