Gábor Kerekes

La carrière de photographe de Gábor Kerekes débute en 1971 lorsqu’il se voit offrir un appareil photographique Voigtländer. L’artiste devient rapidement assistant reporter avant de travailler en tant que photojournaliste dans les années 80 pour le magazine Képes 7, puis Képes Európa. En parallèle de ces activités, Kerekes travaille en autodidacte et met au point diverses expérimentations qui l’amèneront à développer un style singulier au service de sujets qui touchent presque exclusivement à la naissance, l’existence et la mort.

Les tirages de Kerekes, par leurs sujets mais aussi par leur traitement, trahissent les questionnements par lesquels l’artiste est taraudé. Ses photographies atemporelles et graphiques de la ville font notamment de lui l’ambassadeur notoire d’un genre propre à la néo-avant-garde hongroise auquel l’auteur Sándor Szilágyi donne le nom de « visions urbaines ». Ces images, contrairement à ce que l’on pourrait en déduire au premier abord, ne sont pas le fruit d’une volonté documentaire ou descriptive mais bel est bien le résultat d’une recherche identitaire et le moyen pour l’artiste de développer un nouveau langage photographique.

Tout comme les visions urbaines, les autoportraits de Kerekes, et ceux des photographes de la néo-avant-garde hongroise en général, sont symptomatiques d’une quête d’identité. L’autoportrait intitulé Bathroom en est un exemple parlant. Dégradés ou partiels, ces autoportraits se font l’expression des tourments de l’artiste, affligé par la double vie qu’il menait alors en tant qu’agent infiltré du ministère de l’intérieur.

Kerekes a, durant sa carrière, rejoint ou fondé de nombreux groupes et ateliers comme, entre autres, le Studio des Jeunes Photographes. Il est notamment à l’origine en 1995 de la fondation de l’ASA Photo Studio, qu’il établit avec son ami György Stalter et où il enseignera jusqu’à son décès en 2014. Son œuvre a fait l’objet de nombreuses expositions internationales et a suscité l’intérêt de diverses institutions muséales telles que le musée de l’Elysée à Lausanne ou le musée hongrois de la photographie à Kecskemét qui conservent certains de ses tirages.